Qu’est-ce que le syndrome du côlon irritable (SCI) ?

    SantéQu'est-ce que le syndrome du côlon irritable (SCI) ?
    Getting your Trinity Audio player ready...

    Le syndrome du côlon irritable (SCI) est un trouble fonctionnel digestif chronique affectant le gros intestin. Il se caractérise par des douleurs abdominales, des ballonnements et des troubles du transit (diarrhée, constipation ou alternance des deux).

    Ce syndrome, bien que non dangereux, peut considérablement impacter la qualité de vie des patients.

    Les causes possibles du SCI

    Le syndrome du côlon irritable (SCI) est une affection chronique et multifactorielle dont les causes précises restent encore inconnues. Néanmoins, plusieurs pistes sont explorées par les chercheurs pour expliquer l’apparition et l’aggravation des symptômes.

    Les facteurs suivants sont considérés comme jouant un rôle central :

    Dysfonctionnement de l’axe intestin-cerveau : L’axe intestin-cerveau désigne la communication bidirectionnelle entre le système nerveux central et le système digestif. Chez les personnes atteintes de SCI, cette communication peut être perturbée, entraînant une hypersensibilité viscérale (douleurs exagérées au niveau de l’intestin) et des troubles du transit (diarrhée, constipation ou alternance des deux). Ce dysfonctionnement pourrait également influencer la perception de la douleur et aggraver les réponses inflammatoires locales.

    Flore intestinale déséquilibrée (dysbiose) : Le microbiote intestinal joue un rôle essentiel dans la digestion, l’immunité et la régulation de l’inflammation. Chez de nombreux patients souffrant de SCI, on observe une altération de la diversité et de la composition du microbiote. Cette dysbiose pourrait favoriser des troubles digestifs, une inflammation de bas grade, ainsi qu’une perméabilité intestinale accrue (souvent appelée « intestin perméable »), contribuant aux symptômes du SCI.

    Facteurs alimentaires : Certains aliments sont connus pour déclencher ou aggraver les symptômes chez les personnes sensibles. En particulier, les aliments riches en FODMAPs (Fermentescibles Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides et Polyols) peuvent provoquer des ballonnements, des douleurs abdominales et des troubles du transit. Une alimentation déséquilibrée ou des intolérances alimentaires peuvent également jouer un rôle.

    Stress et anxiété : Le SCI est étroitement lié à des troubles psychologiques comme l’anxiété, la dépression ou le stress chronique. Le système digestif étant particulièrement sensible aux émotions, le stress peut accentuer les symptômes ou provoquer des poussées. De plus, le stress chronique peut perturber la motricité intestinale, modifier la perception de la douleur et affecter la composition du microbiote.

    Symptômes SCI
    Symptômes du SCI.

    Les symptômes du SCI : comment les reconnaître ?

    Le Syndrome du Côlon Irritable (SCI), également appelé colopathie fonctionnelle, se manifeste par une combinaison de symptômes digestifs chroniques dont l’intensité et la fréquence peuvent varier d’un individu à l’autre. Il s’agit d’un trouble fonctionnel, ce qui signifie qu’aucune lésion visible ou inflammation n’est généralement détectée lors des examens médicaux classiques.

    Reconnaître les symptômes typiques est essentiel pour orienter un diagnostic et améliorer la qualité de vie des personnes concernées.

    Voici les symptômes les plus fréquents :

    Douleurs abdominales récurrentes soulagées par la défécation : Ces douleurs, souvent crampiformes, peuvent apparaître à différents endroits de l’abdomen. Elles sont généralement atténuées après l’émission de gaz ou de selles.

    Ballonnements et inconfort digestif : Une sensation de gonflement au niveau du ventre, parfois visible, est très fréquente. Elle peut s’accompagner de flatulences et d’une impression de lourdeur après les repas.

    Alternance entre diarrhée et constipation : Certains patients présentent majoritairement de la diarrhée (SCI de type diarrhéique), d’autres souffrent de constipation (SCI de type constipé), et beaucoup alternent entre les deux (forme mixte). Cette instabilité du transit est une caractéristique clé du SCI.

    Sensation d’évacuation incomplète après les selles : Même après être allé aux toilettes, la personne peut ressentir que son intestin n’est pas complètement vidé, ce qui entraîne une gêne persistante.

    Présence de mucus dans les selles : Ce mucus, une substance claire ou blanchâtre produite naturellement par l’intestin, peut être plus abondant chez les personnes atteintes du SCI, sans qu’il y ait d’infection ou d’autre cause organique.

    Diagnostic du syndrome du côlon irritable

    Le SCI est un diagnostic d’exclusion, ce qui signifie qu’aucune anomalie structurelle ou biochimique spécifique ne permet de le détecter directement.

    Les médecins s’appuient sur des critères cliniques et des tests complémentaires pour écarter d’autres pathologies.

    Les critères de Rome IV : un outil clé : Les critères de Rome IV définissent le SCI par la présence de douleurs abdominales récurrentes, au moins un jour par semaine durant les trois derniers mois, associées à au moins deux des éléments suivants :

    Soulagement après la défécation.

    Modification de la fréquence des selles.

    Modification de la consistance des selles.

    Tests médicaux : ce qui est utile et ce qui ne l’est pas

    Lorsque l’on cherche à diagnostiquer l’origine de troubles digestifs ou intestinaux, il est essentiel de bien cibler les examens médicaux afin d’éviter des investigations inutiles, coûteuses ou invasives.

    Certains tests sont réellement utiles pour orienter le diagnostic, tandis que d’autres ne devraient être envisagés que dans des situations particulières.

    Tests utiles :  

    Analyses sanguines pour exclure la maladie cœliaque : Ces tests permettent de détecter la présence d’anticorps spécifiques liés à une intolérance au gluten. Ils sont essentiels si le patient présente des symptômes compatibles avec une maladie cœliaque (ballonnements, diarrhée chronique, fatigue, perte de poids, etc.).  

    Tests de sensibilité au lactose : Le test d’hydrogène expiré, par exemple, permet de diagnostiquer une intolérance au lactose en mesurant la production d’hydrogène après ingestion de lactose. Ces tests sont particulièrement pertinents en cas de douleurs abdominales, gaz ou diarrhée après consommation de produits laitiers.  

    Échographies abdominales : Elles sont recommandées en cas de symptômes atypiques, comme des douleurs localisées, une masse palpable ou des signes inhabituels. L’échographie est un examen non invasif qui peut aider à visualiser les organes digestifs et identifier d’éventuelles anomalies.

    Tests peu utiles (en première intention) :  

    Coloscopie : Bien qu’elle soit très efficace pour visualiser l’intérieur du côlon et détecter des lésions ou polypes, elle ne devrait pas être réalisée systématiquement. Elle est généralement réservée aux patients présentant des symptômes inquiétants comme des saignements rectaux, une perte de poids inexpliquée, une anémie persistante ou des antécédents familiaux de cancer colorectal.  

    Imagerie lourde (scanner, IRM) : Ces examens sont coûteux, exposent parfois à des radiations et ne sont pas toujours nécessaires pour un premier bilan. Ils ne sont justifiés qu’en présence de signes d’alerte ou si les symptômes persistent malgré les premières investigations.

    Traitements SCI
    Traitements du SCI.

    Traitements du SCI : que faire pour soulager les symptômes ?

    Il n’existe pas de traitement curatif du Syndrome du Côlon Irritable (SCI), mais plusieurs approches permettent de réduire considérablement les symptômes et d’améliorer la qualité de vie des personnes atteintes. Le choix du traitement dépend souvent du type de SCI (constipation prédominante, diarrhée prédominante ou forme mixte) ainsi que de la sévérité des symptômes.

    Voici les principales approches médicamenteuses disponibles :

    Antispasmodiques : Ces médicaments visent à réduire les spasmes intestinaux responsables des douleurs abdominales. Ils sont souvent prescrits pour soulager les crampes intestinales et améliorer le confort digestif. Un exemple courant est le phloroglucinol, qui agit rapidement sur les muscles lisses de l’intestin.

    Laxatifs ou antidiarrhéiques : En fonction de la forme de SCI, le traitement peut inclure des laxatifs doux (comme le macrogol ou les fibres solubles) en cas de constipation chronique, pour faciliter le transit intestinal sans irriter la muqueuse ;  et des antidiarrhéiques (comme le lopéramide) pour ralentir le transit et réduire la fréquence des selles liquides, dans les cas de diarrhée prédominante.

    Probiotiques : Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui aident à rééquilibrer la flore intestinale. Certaines souches, comme Bifidobacterium infantis ou Lactobacillus plantarum, ont montré des effets bénéfiques chez les patients atteints de SCI, en réduisant les ballonnements, les gaz et l’inconfort abdominal.

    Antidépresseurs à faible dose : Certains antidépresseurs tricycliques (amitriptyline) ou inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (fluoxétine) peuvent être prescrits à faible dose. Leur objectif n’est pas de traiter une dépression, mais de moduler la douleur chronique et la sensibilité intestinale souvent accrue chez les personnes atteintes de SCI.

    Ils peuvent également aider à stabiliser l’humeur, notamment lorsque le stress ou l’anxiété aggravent les symptômes.

    Bonne alimentation
    Bonne alimentation.

    Alimentation et régime adapté au SCI

    L’alimentation joue un rôle central dans la gestion du Syndrome de l’Intestin Irritable (SCI).

    Parmi les approches nutritionnelles les plus reconnues, le régime pauvre en FODMAP (Fermentable Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides and Polyols) s’est révélé particulièrement efficace pour réduire les symptômes tels que les ballonnements, les douleurs abdominales, les gaz et les troubles du transit.

    Voici quelques groupes d’aliments concernés :

    Produits laitiers riches en lactose : lait de vache, crème, yaourts classiques et certains fromages frais peuvent être mal tolérés. On leur préférera les versions sans lactose ou les alternatives végétales (lait d’amande, de riz, de coco, etc.).

    Céréales contenant du gluten : bien que le gluten ne soit pas un FODMAP en soi, le blé, l’orge et le seigle contiennent des fructanes, un type de FODMAP. Il est donc recommandé de réduire la consommation de pain blanc, pâtes, biscuits classiques, et d’opter pour des alternatives sans gluten (riz, avoine sans gluten, quinoa, etc.).

    Certains fruits et légumes : notamment les pommes, poires, pastèques, choux, oignons, ail et artichauts, qui contiennent des sucres ou polyols fermentescibles. Ces aliments peuvent être remplacés par des options plus digestes comme les bananes, les fraises, les courgettes ou les carottes.

    Légumineuses : pois chiches, lentilles, haricots rouges et autres sont souvent responsables de flatulences et de douleurs. Une consommation modérée, bien préparée (trempage, cuisson prolongée), ou des substituts comme le tofu ou les lentilles corail peuvent être envisagés.

    Ce régime doit être suivi de façon encadrée et temporaire, généralement en deux phases :

    une phase de restriction suivie d’une phase de réintroduction progressive pour identifier les aliments déclencheurs spécifiques à chaque individu. Il est fortement conseillé de consulter un diététicien-nutritionniste pour adapter ce régime aux besoins et au mode de vie de la personne concernée.

    Ce qu’il faut retenir

    Le syndrome du côlon irritable est un trouble fréquent mais souvent mal compris. Bien qu’aucun traitement ne permette une guérison complète, une prise en charge globale incluant alimentation, gestion du stress et traitements adaptés permet de limiter son impact sur la vie quotidienne.

    Si vous souffrez de symptômes persistants, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé.

    FAQs

    Lire nos autres publications

    Consultez d'autres articles de cette catégorie :

    Articles les plus lus