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Il nous est tous arrivé un jour de ressentir une étrange sensation de picotement ou une perte temporaire de sensibilité dans les jambes, comme si elles « s’endormaient ». Ce phénomène, bien que souvent bénin, peut également être le signe d’un problème plus sérieux lorsqu’il devient fréquent.
Alors, pourquoi nos jambes s’engourdissent-elles ?
Dans cet article, nous allons plonger au cœur de ce symptôme courant, en explorant les causes possibles, les solutions médicales et les bons réflexes à adopter pour soulager ou prévenir l’engourdissement des jambes.
Que ce soit dû à une mauvaise posture, un problème nerveux, une carence ou une maladie, chaque cas mérite une attention particulière.

Qu’est-ce que l’engourdissement ?
L’engourdissement, aussi appelé paresthésie, est une sensation anormale caractérisée par :
– Une perte de sensibilité partielle ou totale
– Des picotements
– Une impression de « fourmillement » ou de brûlure
– Une sensation de jambe « morte » ou « endormie »
Il peut toucher une seule jambe ou les deux, être passager ou persistant. Ce symptôme est généralement lié à une atteinte du système nerveux périphérique ou à un problème circulatoire.
Les symptômes associés
L’engourdissement ne vient que rarement seul.
Voici d’autres symptômes fréquemment rapportés :
– Faiblesse musculaire
– Difficulté à marcher ou à rester debout longtemps
– Douleur ou brûlure irradiant depuis le bas du dos jusqu’aux jambes
– Crampes nocturnes
– Sensation de froid ou de chaleur dans les jambes.
Ces signes peuvent orienter le diagnostic vers une cause spécifique.

Principales causes de l’engourdissement des jambes
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les jambes peuvent s’engourdir. Certaines sont bénignes, d’autres beaucoup plus sérieuses.
Voyons en détail 12 causes fréquentes :
Mauvaise posture prolongée
Adopter une mauvaise posture pendant une longue période comme rester assis trop longtemps avec les jambes croisées, affalé sur un canapé, ou dans une position inconfortable peut entraîner des effets indésirables sur la circulation sanguine et le système nerveux. Ces postures peuvent comprimer temporairement certains nerfs (notamment le nerf sciatique ou le nerf péronier) ou entraver le bon retour veineux, en particulier au niveau des membres inférieurs.
Cela se manifeste souvent par une sensation d’engourdissement, de picotements ou même une perte temporaire de sensibilité dans une jambe, notamment au réveil ou après un long trajet en voiture ou en avion.
Ces symptômes sont généralement bénins et disparaissent dès que la pression est relâchée, mais s’ils sont fréquents ou durables, ils peuvent indiquer une mauvaise hygiène posturale ou un problème sous-jacent.
Conseil :
Veillez à changer régulièrement de position, au moins toutes les 30 à 60 minutes. Évitez de croiser les jambes lorsque vous êtes assis, car cela favorise la compression nerveuse et perturbe la circulation. Si vous travaillez de manière sédentaire, essayez de vous lever, marcher un peu ou faire quelques étirements pour relancer la circulation.
Compression nerveuse
Une compression nerveuse se produit lorsqu’un nerf est soumis à une pression excessive ou prolongée, ce qui perturbe sa fonction normale. Cette compression peut être causée par un muscle contracté (comme dans le cas du syndrome du piriforme), une blessure traumatique, ou encore une hernie discale exerçant une pression sur la racine nerveuse au niveau de la colonne vertébrale.
Les symptômes les plus fréquents incluent des engourdissements, des picotements, une faiblesse musculaire ou une sensation de brûlure le long du trajet du nerf concerné.
Les nerfs les plus souvent touchés sont :
Le nerf fémoral, qui innerve la partie antérieure de la cuisse, et dont la compression peut entraîner un engourdissement ou une douleur à l’avant de la jambe.
Le nerf sciatique, qui part du bas du dos et descend jusqu’au pied. Sa compression provoque souvent une sciatique, avec des douleurs irradiant dans la fesse, la cuisse et la jambe.
Le nerf péronier (ou fibulaire commun), situé au niveau du genou, dont la compression peut entraîner une perte de sensibilité sur le dessus du pied et une faiblesse pour relever le pied (pied tombant).

Hernie discale
La hernie discale survient lorsqu’un disque intervertébral un coussinet situé entre deux vertèbres se déplace ou se fissure, laissant échapper une partie de son noyau gélatineux. Ce déplacement peut entraîner une compression des nerfs rachidiens adjacents, notamment du nerf sciatique.
Cette compression provoque des douleurs intenses qui irradient souvent du bas du dos vers une jambe, parfois jusqu’au pied.
En plus de la douleur, on peut observer une perte de sensibilité, des fourmillements, voire une faiblesse musculaire dans le membre atteint.
Dans les cas les plus graves, la hernie peut limiter la mobilité et affecter significativement la qualité de vie. Un diagnostic précoce et une prise en charge adaptée (repos, kinésithérapie, traitement médicamenteux ou chirurgie) sont essentiels pour éviter des complications à long terme.
Neuropathie périphérique
La neuropathie périphérique est l’une des complications les plus fréquentes du diabète, touchant principalement les nerfs situés en dehors du cerveau et de la moelle épinière. Elle résulte d’un taux de sucre élevé dans le sang sur une longue période, ce qui endommage progressivement les fibres nerveuses. Les nerfs des pieds et des jambes sont généralement les premiers touchés, suivis parfois par ceux des mains et des bras.
Les symptômes varient d’une personne à l’autre, mais incluent souvent un engourdissement progressif, des sensations de picotements ou de brûlures, une hypersensibilité au toucher, ou encore une perte de sensation. Cela peut entraîner une diminution de la perception de la douleur ou de la température, augmentant ainsi le risque de blessures, d’infections et d’ulcérations, surtout au niveau des pieds.
À un stade avancé, la neuropathie peut causer de fortes douleurs, une faiblesse musculaire, voire des troubles de la coordination. Il est donc essentiel de surveiller régulièrement la glycémie, de consulter un professionnel de santé dès l’apparition des premiers symptômes, et d’adopter une hygiène de vie adaptée pour prévenir ou ralentir la progression de cette complication.
Sclérose en plaques
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune chronique qui affecte le système nerveux central, en particulier le cerveau, la moelle épinière et les nerfs optiques. Elle se caractérise par une attaque du système immunitaire contre la myéline, la gaine protectrice qui entoure les fibres nerveuses. Cette destruction de la myéline perturbe la transmission des signaux nerveux, entraînant divers symptômes neurologiques.
Parmi les manifestations courantes de la SEP, on retrouve des troubles moteurs, des problèmes de coordination, une fatigue intense, ainsi que des troubles visuels et cognitifs. L’un des symptômes précoces et fréquents est un engourdissement ou une sensation de picotement, souvent dans les jambes, qui peut apparaître de manière soudaine et persister pendant plusieurs jours, voire plus longtemps.
La sclérose en plaques évolue de manière variable selon les individus, avec des périodes de poussées (apparition ou aggravation des symptômes) et des phases de rémission. Bien qu’il n’existe pas encore de cure définitive, des traitements peuvent ralentir la progression de la maladie, réduire la fréquence des poussées et améliorer la qualité de vie des patients.

Syndrome des jambes sans repos
Le syndrome des jambes sans repos (SJSR), également connu sous le nom de maladie de Willis-Ekbom, est un trouble neurologique chronique caractérisé par une envie incontrôlable de bouger les jambes, généralement en réponse à des sensations désagréables.
Ces sensations, souvent décrites comme des picotements, des fourmillements, des démangeaisons internes ou des impressions de brûlure, surviennent principalement au repos, en particulier le soir ou pendant la nuit.
Elles entraînent une agitation motrice qui perturbe le sommeil et peut causer une grande fatigue au quotidien.
Bien que l’engourdissement ne soit pas un symptôme systématique du SJSR, certaines personnes peuvent ressentir un engourdissement ou une faiblesse temporaire, notamment après de longues périodes d’immobilité. Ce phénomène peut accentuer la gêne et rendre le besoin de bouger encore plus pressant.
Le syndrome des jambes sans repos peut avoir des causes variées : il peut être idiopathique (sans cause connue), héréditaire, ou secondaire à d’autres affections comme l’insuffisance rénale chronique, les carences en fer, la grossesse, ou certaines maladies neurologiques. La consommation de caféine, d’alcool ou certains médicaments peuvent également aggraver les symptômes.
Sciatique
La sciatique est une affection courante qui résulte de l’irritation, de l’inflammation ou de la compression du nerf sciatique, le plus long nerf du corps humain. Ce nerf prend naissance au niveau de la moelle épinière, dans le bas du dos (rachis lombaire), puis descend à travers les fesses, la cuisse, la jambe et jusqu’au pied.
Lorsque ce nerf est comprimé souvent à cause d’une hernie discale, d’un canal lombaire étroit ou d’un muscle piriforme trop tendu il peut provoquer une douleur vive et lancinante qui suit le trajet du nerf.
Les symptômes les plus fréquents incluent des douleurs dans la fesse, la cuisse, la jambe ou le pied (généralement d’un seul côté), des fourmillements, une sensation de brûlure, ou encore un engourdissement. Dans les cas les plus sévères, une faiblesse musculaire peut apparaître, rendant difficile la marche ou le maintien de certaines postures.
La sciatique peut être aiguë (de courte durée) ou chronique (persistante), selon la cause et la prise en charge. Le traitement repose souvent sur une combinaison de repos, de kinésithérapie, d’anti-inflammatoires et d’exercices adaptés. Dans les cas les plus graves ou persistants, une intervention chirurgicale peut être envisagée.

Carence en vitamine B12
La vitamine B12, ou cobalamine, joue un rôle crucial dans le bon fonctionnement du système nerveux central et dans la production des globules rouges. Elle participe également à la synthèse de l’ADN et au métabolisme de l’énergie.
Une carence en vitamine B12 peut survenir en cas d’alimentation déséquilibrée, notamment chez les personnes suivant un régime végétalien strict sans supplémentation, ou en cas de troubles d’absorption intestinale (comme la maladie de Crohn ou une atrophie gastrique).
Lorsque la carence en B12 s’installe, elle peut entraîner des symptômes neurologiques tels que des picotements ou engourdissements dans les mains et les pieds, une faiblesse musculaire, une fatigue persistante, des troubles de la mémoire et de la concentration, voire des troubles de l’humeur comme la dépression.
À un stade avancé, des lésions nerveuses irréversibles peuvent apparaître si la carence n’est pas corrigée à temps. Il est donc essentiel de diagnostiquer rapidement cette carence à l’aide d’un bilan sanguin et de la traiter efficacement, généralement par des compléments oraux ou des injections de vitamine B12.
Aliments riches en B12 : foie, viande, poisson, œufs, produits laitiers.

Consommation d’alcool excessive
Une consommation chronique et excessive d’alcool peut avoir des effets délétères sur le système nerveux périphérique, menant à une affection appelée neuropathie alcoolique.
Cette pathologie résulte de l’action toxique directe de l’alcool sur les nerfs, mais aussi de carences nutritionnelles fréquentes chez les personnes alcoolodépendantes, notamment en vitamines B1 (thiamine), B6, B12 et en acide folique, essentielles au bon fonctionnement nerveux.
Les symptômes de la neuropathie alcoolique se développent souvent progressivement et comprennent une perte de sensation, des fourmillements, une brûlure ou un engourdissement dans les pieds et les mains, ainsi qu’une faiblesse musculaire pouvant altérer la mobilité.
À un stade avancé, cette affection peut entraîner une diminution de la coordination et une perte d’équilibre, affectant significativement la qualité de vie.
La prévention passe par une réduction voire un arrêt de la consommation d’alcool, associé à une prise en charge médicale adaptée, incluant parfois une supplémentation en vitamines et un suivi neurologique. Un dépistage précoce est essentiel pour éviter des dommages nerveux irréversibles.
Maladies vasculaires
Les maladies vasculaires, telles que l’artérite des membres inférieurs et la thrombose veineuse, sont des affections qui affectent la circulation sanguine dans les jambes et peuvent avoir des conséquences graves sur la santé.
L’artérite des membres inférieurs, également appelée artérite oblitérante, résulte d’une réduction du flux sanguin due au rétrécissement ou à l’obstruction des artères, généralement causée par l’accumulation de plaques de graisse.
Cela peut entraîner une mauvaise irrigation sanguine, affectant principalement les jambes et les pieds. Les symptômes incluent des douleurs, des crampes, une sensation de froid et parfois un engourdissement, en particulier lors d’efforts physiques.
La thrombose veineuse, quant à elle, se produit lorsqu’un caillot sanguin se forme dans une veine profonde, souvent dans les jambes, et bloque partiellement ou totalement la circulation sanguine. Cela peut entraîner un gonflement, une douleur et une sensation de lourdeur.
Lorsque ces problèmes vasculaires ne sont pas traités, ils peuvent aggraver les symptômes et causer des complications graves, comme des ulcères veineux ou des embolies pulmonaires.
Effets secondaires des médicaments
Certains médicaments, bien qu’essentiels pour traiter diverses affections, peuvent avoir des effets secondaires indésirables, en particulier au niveau neurologique.
Parmi ceux-ci, on retrouve des traitements comme les chimiothérapies, les antiviraux et certains médicaments utilisés pour l’hypertension.
Chimiothérapie : Les médicaments utilisés en chimiothérapie, bien qu’efficaces pour traiter le cancer, peuvent affecter le système nerveux central et périphérique.
Les effets secondaires neurologiques les plus courants incluent la neuropathie périphérique (douleurs, picotements, engourdissements dans les mains et les pieds), des troubles cognitifs comme des pertes de mémoire ou des difficultés de concentration, et des symptômes de type brouillard cérébral. Ces effets peuvent persister pendant plusieurs mois après la fin du traitement.
Antiviraux : Les antiviraux, utilisés pour traiter des infections telles que le VIH ou l’hépatite, peuvent également causer des effets secondaires neurologiques. Certains antiviraux sont associés à des symptômes tels que des maux de tête, des vertiges, de la somnolence, ou des troubles du sommeil.
Dans de rares cas, des troubles plus graves comme la confusion, la dépression ou des hallucinations peuvent se manifester, nécessitant un suivi médical étroit.
Médicaments contre l’hypertension : Les médicaments utilisés pour réguler la pression artérielle, comme les bêta-bloquants et les diurétiques, peuvent parfois provoquer des effets secondaires neurologiques.
Les bêta-bloquants peuvent entraîner de la fatigue, des vertiges, voire des troubles du sommeil, tandis que les diurétiques peuvent provoquer des déséquilibres électrolytiques qui affectent la fonction cérébrale, entraînant des symptômes tels que des étourdissements, des troubles de l’humeur ou des altérations de la concentration.

Stress et anxiété
Le stress chronique et l’anxiété peuvent avoir des répercussions notables sur notre corps, souvent de manière insidieuse. En effet, des épisodes de stress prolongé ou une crise d’angoisse peuvent provoquer des sensations de fourmillements, d’engourdissement, voire de picotements, souvent dans les mains, les pieds ou autour de la bouche, sans cause physique évidente.
Cela se produit parce que le stress active le système nerveux sympathique, entraînant une surproduction de certaines hormones comme l’adrénaline.
Ces hormones affectent la circulation sanguine et peuvent provoquer une tension musculaire excessive, qui, à son tour, peut comprimer certains nerfs et induire ces sensations de pincements ou d’engourdissement.
Ce phénomène est souvent temporaire et disparaît une fois que l’épisode de stress ou d’anxiété est résolu. Cependant, lorsqu’il devient chronique, il peut nuire à la qualité de vie et entraîner des troubles de santé persistants. Il est donc important de gérer le stress de manière proactive, par des techniques de relaxation comme la méditation, la respiration profonde ou l’exercice physique.
D’autre part, il est essentiel de différencier ces symptômes de ceux qui sont causés par un problème médical plus grave. Par exemple, une chute, un accident ou un choc qui affecte la colonne vertébrale ou une jambe peut endommager un nerf ou un tissu nerveux, entraînant un engourdissement plus localisé.
Selon la gravité de la lésion, cet engourdissement peut persister, nécessitant parfois un suivi médical. Une évaluation appropriée par un professionnel de santé est donc cruciale pour déterminer la cause sous-jacente de ces symptômes et mettre en place le traitement adéquat.
Ce qu’il faut retenir
L’engourdissement des jambes peut sembler anodin, surtout s’il survient après une posture prolongée, mais il ne faut jamais ignorer les signes persistants ou douloureux. Il s’agit parfois du signal d’alerte d’un problème plus sérieux, notamment neurologique ou circulatoire.
Heureusement, de nombreuses solutions existent pour soulager ce symptôme : ajustement de la posture, traitement médicamenteux, supplémentation vitaminique, voire intervention chirurgicale si nécessaire. En comprenant les causes possibles, vous serez mieux armé pour prévenir, réagir et protéger votre santé nerveuse et vasculaire à long terme.